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Jour de colère
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21 septembre 2007

Naitre et faire naitre

D'abord, ça n'a rien à voir avec personne si ce n'est moi. On ne tire pas sur l'ambulance, l'équipe de la mater a fait ce qui fallait quand il le fallait. Cela tient à diverses choses, dont en vrac, ma perception aigue de mon corps, mon horreur du troupeau, des médicaments qui ne sont pas mes ressources personnelles et autres subtilités.

Nous voilà rendu jeudi 22 mars, la nuit tombe, tout commence...

Jeudi 22 mars, 20h30, l'heure du film et du canapé. Jean doit gynécologiquement le 1er avril, familialement dimanche (comme sa soeur 8 jours avant la date gynéco). Et j'ai des pertes que je soupçonne être du liquide amniotique. Et pas de rupture franche. Et pas de contractions. = déclenchement, accouchement de galérien et autres plaisirs. Veut pas. Je serre les cuisses et j'attends.

Vendredi matin, ça continue donc pas le choix, direction la mater. On respire et on explique calmement (le calme se communique parraît-il) que ça dure depuis hier soir. QUOI! mais enfin, c'est pas sérieux, mais oui c'est bien du liquide amiotique, mais non, vous ne repartez pas. Là je commence à faire mon bouc, je veux pas, je n'ai pas de contraction, je ne suis pas prête d'en avoir, je repars; avec votre bénédiction et je reviens passer la nuit ici; sans et je signe une décharge et je suis très énervée... J'obtiens ma sortie à l'amiable avec la promesse de revenir à 18h.

Journée se passe, il est 18h00, toujours pas de contraction, je suis de retour à la mater.

Vendredi à samedi, nuit de veille
Et ça ne vient. Première grosse tension, l'équipe veut me faire un flash d'antibiotique car Jean risque une infection in-utero. Je refuse, car je suis allergique à plusieurs classes d'antibio, Zoé aussi, ce qui fait que Jean a plus de risque de faire un choc anaphylactique qu'une infection. Prise de sang, globules hauts mais pas plus qu'en décembre. Je signe une décharge. Nous ne dormons pas de la nuit.

Samedi matin, 6h30
Pas de contraction; direction la salle de naissance, la perf, le moni, le bazar. je suis sanglé comme un bœuf à l'abattoir. Heureusement, je sais intimement(sinon j'aurais pété un plomb) que cela se passera comme Zoé, ultra violent et ultra rapide. Jean est placé à gauche, donc pas de péridurale.

8h30
Toujours pas de contraction, malgré la perf, pas de percement de la poche des eaux; la sage-femme arrive avec son doigt-crochet. Je romps instantanément. Et dans ma tête, je reprends le pouvoir.

9h30
C'est parti, contractions immédiatement insupportables. J'utilise la sophro et je résiste. Je tiens. Merveilleuse accoucheuse qui vire perf, moni, entraves. Je suis libre, Damien et elle me guident, Jean et moi avançons. Comme pour Zoé, je le sens passer le col, je l'appelle, il vient. Il est là. Sans péridurale, sans épisio, que du bonheur... Il tête comme un chef, j'ai plein de lait(voir mardi).

11h00
Il est né. Bleu. Hurlant. Début de la panique.
La pédiatre vient et l'examine. Tout va bien, gros poids, gros hématome, il a eu mal, il gémit, ça passera. Je remarque qu'il a eu le nez écrasé d'où une mauvaise respiration. RAS.

Samedi aprés-midi et Dimanche
-Il gémit, ce n'est pas normal-Mais son poids n'est pas normal( 4.200 Kgs)-Mais non mère indigne qui n'avait pas voulu d'antibiotique, il a une infection, il faut une prise de sang-Vérifiez...
Entre samedi et dimanche, Jean eu droit à une prise de sang, une vérification de la saturation, une radio et je dois oublier des trucs. Et moi de répéter inlassablement, c'était dur, je suis très musclée (vous, laissez-moi rire; pas dit mais penser) il a eu mal et le nez écrasé; le temps qu'il dégonfle et que le souvenir de la douleur s'atténue, ça ira mieux, regardez, debout il est mieux. Et la pédiatre n'est pas là pour confirmer mes dires.
Quand Zoé vient voir son frère, au moment de partir, elle me prend la main et m'entraine vers la porte.Mais non, chérie, je reste.-Mais tu ne va pas rester enfermé ici!
Je ne dors toujours pas mais ça va.

Lundi
Tranquille. Pas dormi.

Mardi
J3, Mon enfer, il est de retour. La balance dit que Jean n'a pas repris de poids. Donc on est parti pour un complément. Le matin, c'est pour demain; à midi, ce serait bien de le faire maintenant; le soir, c'est obligatoire, d'ailleurs on passe dans la chambre et on exige que je le donne sous le regard d'une sage-femme. Rajoutons à ça que depuis le test de  guttrie, Jean associe sein et entrave et hurle dès qu'on l'approche du sein.

Mardi à mercredi
Je ne dors pas, je pleure toutes les larmes de mon corps mon allaitement perdu, j'appelle Damien au secours.

Mercredi
Damien, bousculé de me voir dans cet état, fait un deal avec l'équipe. On complète Jean systématiquement, au risque de foirer définitivement l'allaitement, mais si Jean a grossi demain, on s'en va, quitte à signer une décharge. Merveilleux Jean, qui a toujours mis en échec nos peurs et a toujours pris tout ce qui était bon pour lui, seins et biberon, ce qui fait qu'aujourd'hui encore, alors qu'il va sur ses 6 mois et qu'il est à la crèche, il est encore allaité en mixte.
Visite de sortie le soir. Je dors d'une traite toute la nuit.

Jeudi
Jean a pris 120 grs en un jour (pour 100grs/semaine à cet âge). Comme dit son père, gaver avec un biberon, on sait faire. Je rajoute qu'on fait bien ça aux veaux de lait...Du coup l'équipe essaye de nous retenir, sauver ce qui est possible de l'allaitement. Ils ne comprennent pas, ce que je ne savais pas du reste alors, que c'est l'environnement hospitalier qui me fait disfonctionner. Je panique. Damien tape du poing sur la table, se fait rabrouer, montre les dents. il est décidé, il embarque sa famille avant midi, de grès ou de force.
Il le fait, nous fuyons, nous nous réfugions à la maison.
Sauvés...

Depuis, tout va bien. Jean est le petit garçon heureux de parents très heureux. Il est toujours allaité par sa maman, qui se dit qu'elle a beaucoup de chance d'avoir des enfants aussi intelligents et un compagnon aussi chevaleresque (même s'il n'est pas troubadour).

Voilà, mieux vaux tard que jamais.

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Commentaires
A
Et les parents n'ont pas tué de personnel médical. Encore une fois, plus pour des questions de stress liés au milieu, qu'aux personnes en soi.
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C
Et que d'émotions! Ouf, Jean est là et c'est un charmant bout de chou!
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D
Bises.
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A
Mais si, mais si... Laisse-moi donc le rôle du rabat-joie.
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D
Je confirme, cela c'est bien passé comme ça même si je pense que le chevalier non troubadour n'a pas eu un rôle aussi héroïque que ne le laisse paraitre Agnés.<br /> Bisous et souvenirs innoubliables.
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