Mais quand même...

Très belle interview de Robert Badinther sur les différents enjeux de l'amendement Mariani, qu'il m'a fallu quelques jours pour digérer. Fondamentalement, ce texte de loi nous renvoie à une problématique constante des sociétés où il y a une transmission de patrimoine, la filiation.

Mais dans le droit romain, dans nos sociétés judéo-chrétiennes, c'est la mère qui désigne le père, parfois assumé différent du géniteur. Allez dire à Joseph de faire des test A.D.N. sur Jésus, c'est Gabriel qui va rire. La question revient alors à une discrimination très clairement assumée, les bons qui peuvent avoir les enfants qu'ils veulent (vrais ou choisis) et les autres qui ont besoin d'une caution scientifique, parce qu'ils ne sont pas assez fiables. Avec tout ce que ce type de test peut cacher d'humiliations et de détournements de données, de peurs et de soupçons mutuels.

Non, il nous faut en rester au système actuel et l'adapter aux situations aux cas par cas. De ce point de vue, le droit français s'est souvent heurté aux traditions autochtones dans les "colonies". On aurait pu en apprendre. Mais la bêtise est partout. Je l'ai croisée en travaillant avec des Commoriens à Marseille. Dans ces communautés, l'enfant se choisit un adulte référent qui n'est pas forcément de sa famille, mais qui s'occupe de lui, matériellement et moralement. C'est un système qui fonctionne. En tant qu'enseignants, nous avions en face de nous des adultes présents et intéressés [En proportion, plus que dans le reste de la population]. Mais ce système est sans cesse en butte aux moqueries des gens qui se confrontent à ces populations sans vouloir savoir si ça fonctionne ou pas. Je rapproche ces réactions condescendantes des arguments fallacieux sur le "manque de sérieux" des populations africaines.
Comme d'habitude, Badinther étaye, apaise, construit, consolide. Dans le respect de l'humain...
Allez donc l'écouter.